Hybridation des cours : s’adapter pour mieux aider

Dans une situation de crise liée au COVID, où les inégalités sont plus que jamais exacerbées , on en oublierait peut-être un peu trop le principal : comment aider au mieux nos élèves devant faire face à l’hybridation des apprentissages ?

Si vous avez lu mes derniers articles, l’importance liée à la maîtrise d’un ENT devient un incontournable pour faire face à d’éventuelles mesures de confinement et / ou de travail à distance dans une école.

Si les enseignants ont dû prendre le problème à bras le corps, on ne s’est peut-être malheureusement pas assez penchés sur la place de l’élève dans cette problématique.

Webinaires, tutoriels, formations.. les professeurs ont eu à leur disposition une panoplie de propositions leur permettant de progresser rapidement. Cependant, et outre la problématique de l’accès au matériel (qui est un chantier en soi), la progression des élèves dans cette maîtrise numérique est un enjeux tout aussi important. Quelques pistes pour accompagner ceux-ci dans ce défi.

1) Créer des tutoriels en phase avec leur réalité

Combien d’entre-nous n’ont pas déjà consulté un tutoriel pour comprendre comment utiliser une plateforme numérique ? Il est donc nécessaire de donner la possibilité à nos étudiants, d’avoir accès à des tutoriels (écrits et / ou vidéos), adaptés à leur propre réalité d’utilisation, et interne à chaque école.

Il est important d’envisager la multiplicité des supports : PC , tablettes, smartphones et appareils mobiles.

Une erreur que j’ai pu commettre (mais on apprend jamais mieux que de ses propres erreurs) : les élèves de mon école utilisent majoritairement leur smartphone pour consulter les contenus en ligne, alors que les tutoriels eux, étaient initialement prévus pour une utilisation PC.

N’hésitez donc pas à envisager ces différentes possibilités. La création des tutoriels pouvant être par exemple précédée, par un sondage à grande échelle pour évaluer les utilisations propres à votre population scolaire.

Pour ces tutoriels, pas besoin de réaliser de grands montages : une capture d’écran vidéo pourra suffire pour transmettre efficacement l’information.

Un exemple d’outil de capture d’écran vidéo : https://screencast-o-matic.com

2) Attribuer des heures pour accompagner

Si il y a bien une difficulté que je peux identifier dans mon quotidien, mais également dans celui de nombreuses écoles dans lesquelles je me rends, c’est que la personne ressource et le référent numérique sont généralement mis à rude épreuve depuis le confinement passé.

Dans le meilleur des cas, cette personne se voit attribuer des heures NTPP ou autre, afin de pouvoir s’occuper principalement de cet objectif si important. Avec ces heures, la référent peut à la fois accompagner les enseignants pour adapter leurs cours en lignes, et leur donner les bases nécessaires pour une bonne utilisation, mais il peut également mettre en place différentes informations données à destination des élèves.

Sans cette disponibilité qui peut très facilement couvrir un temp-plein entier dans certaines écoles, l’hybridation des cours devra alors compter sur des formations externes souvent plus difficiles à obtenir, en raison de la très forte demande actuelle.

Si des heures ne sont pas dégagées pour l’accompagnement numérique de l’équipe, et des élèves, le minimum sera de recentrer les objectifs de différents cours (exemple : éducation par la technologie / informatique) vers l’utilisation des plateformes nécessaires pour l’hybridation.

Dernièrement par exemple, l’Athénée Royal Liège 1 a ainsi débloqué un mi-temps pour une personne qui s’occupera exclusivement de la problématique d’hybridation des cours pour accompagner les élèves (félicitations à eux !).

 

3) Adapter l’organisation de ses cours

L’enseignant qui doit faire face à l’hybridation, voit souvent celui-ci comme un double travail à réaliser (une fois en classe, et une fois à domicile derrière son écran). Cependant, et avec un minimum d’organisation, il lui sera possible d’adapter ses cours et contenus, afin que ceux-ci deviennent complémentaires à ce qui se déroule en classe.

L’envoi de ressources numériques, peut par exemple autant être l’objet du cours à distance, tout en étant l’objet de remédiation et de dépassement pour les personnes qui se trouveraient en présentiel. Ainsi, on rentabilise ce qui est proposé en ligne, en lui donnant une véritable utilité pour tous (la remédiation pour ceux étant en présentiel, le suivi pour ceux qui sont à distance).

Pour les personnes travaillant avec un ENT, ils pourront également utiliser celui-ci de la même manière qu’un tableau noir (en corrigeant directement dans le fichier partagé en ligne). Cela permettra aux élèves de suivre l’avancement du présentiel, tout en assurant à l’enseignant de ne pas faire deux fois le travail.

Si l’enseignant en a la possibilité, filmer une heure de cours, pour ensuite la déposer en ligne (sur son ENT, ou sur une autre plateforme de streaming) sera une bonne alternative pour donner la possibilité aux élèves de suivre le cours.

Dans tous les cas, il sera important de s’engager dans un questions – réponses, et une phase de rétro-action en ligne afin d’accompagner au mieux ces derniers.

La création de QR codes, à insérer directement sur ses feuilles de cours, pourra également permettre aux élèves le cas échéant, d’avoir accès plus rapidement et facilement aux ressources déposées en ligne.

On notera enfin que, réaliser cette adaptation, alors-même que l’enseignement est toujours en code “jaune”, c’est permettre de s’habituer aux outils, et faire maîtriser progressivement ceux-ci avant que les élèves ne soient susceptibles de les utiliser plus intensément en cas de confinement.

Tutoriel de l’edulabTV : Comment créer facilement et rapidement un QR Code ?  

4) Bienveillance et soutien

Si la place de l’erreur et de la difficulté doivent faire partie intégrante de vos séquences d’apprentissage, soyez conscients que les élèves pourront aussi traverser les mêmes difficultés d’appropriation que vous.

Sortez de votre esprit le mythe des “Digital Natives” , pour accepter que vos élèves peuvent également avoir un niveau de compétence très différent de votre représentation initiale.

Il sera plus que jamais nécessaire de rassurer sur les utilisations, de comprendre l’étudiant dans ses difficultés. N’oublions pas que le numérique reste un outil à notre disposition, et que cette utilisation doit obligatoirement être accompagnée de bienveillance.

Être à l’écoute des difficultés de nos élèves, nous permettra également d’identifier des améliorations structurelles à adopter sur l’organisation de nos cours à distance et / ou, sur l’utilisation de la plateforme à l’échelle d’une école.

Si cet aspect de bienveillance et du sentiment de compétence numérique vous intéresse : https://www.ludomag.com/2019/07/02/le-sentiment-de-competence-numerique-a-travers-des-activites-pedagogiques-innovantes/